C'est pas la taille qui compte
#31 Plutôt que d’ajouter de la qualité au quotidien, vivre la qualité du quotidien.
Salut les parents,
Hier, dans la rue, on croise une dame avec une “forte poitrine”, comme on dit.
Le minus de trois ans, fin observateur, me sort.
“Papa, la dame elle a des jumeaux !!!”
Bref.
Welcome aux nouveaux (on est bientôt 700 😍), c’est parti pour cette édition #31 des Parents Qui Bossent.
Avant de commencer, vous pouvez :
Laisser un témoignage ou la meilleure punchline de votre enfant
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Aujourd’hui, je reviens sur un sujet qui me titille.
Les temps de qualité avec ses enfants.
Un truc dans l’air qui dirait :
“Je ne passe pas beaucoup de temps avec mes enfants, mais quand je suis avec eux, je suis vraiment présent(e). C’est du temps de qualité. C’est mieux d’être à fond avec mon enfant pendant 1h que d’être moyen pendant toute la journée”
Je vais aller gratter un peu. Je pose ma réflexion comme ça, sans plan, sans trop savoir ce qui va sortir, mais j’y pense depuis un moment sans que ça soit structuré dans ma tête.
Alors sortons ça. 100% subjectif.
Je passe beaucoup de temps avec eux.
Pas autant qu’un papa qui ne bosse pas, mais beaucoup plus que mon propre papa ne l’a fait, et probablement plus que la majorité des papas d’aujourd’hui.
L’idée est pas de faire la course ou de se comparer.
Mais ça me gratte le poil quand j’entends des gens dirent que ok, ils ne passent pas beaucoup de temps avec leur enfant (le boulot tu comprends, le boulot), mais que quand il s’y mettent, c’est des moments intenses, choisis. De qualité donc.
Sous entendu : c’est mieux.
Déjà, quelle pression ! Faut pas se rater !
Il y a 10 ans (piouf), j’ai fait une formation au leadership. Le formateur était une Reusta. Genre polytechnique, conseiller de ministre, entrepreneur. Le genre de bonhomme à fond dans son travail. Et papa sur son temps personnel.
Là, au calme, pendant la formation, il sort :
Mes enfants, je ne les voient que le we. Mais c’est très bien. Ils ont chacun à leur tour un temps de qualité avec moi, ils choisissent ce qu’ils veulent faire et on note le planning sur le frigidaire.
Genre tennis avec Dudu samedi de 9 à 10. Vélo avec Vivi de 10 à 11. Mimi, la petite, elle a une angine donc je suis allé à l’escalade tout seul.
Je ne porte pas de jugement, chacun fait comme il veut et comme il peut. C’est pas la course, chacun est responsable de ses gosses.
Je sais pas vous mais moi, les moments de qualité, ils arrivent pas vraiment sur commande. Genre tous les samedi matin.
Ils arrivent plutôt sans prévenir.
Hier, diner solo avec le grand (précision pour les nouveaux, le grand à 3 ans, le petit à 2 ans).
J’avais pas franchement envie de taper la discute avec ce déjà pré ado au sommet de sa période de désobéissance. J’avais prévu de liquider ça vite fait puis foncer devant mon match de rugby.
30 minutes après, je classe clairement ce diner dans la case des moments de qualité. On a papoté tout le long, il m’a confié des trucs, parlé de son meilleur ami qui est aussi son pire ennemi qu’il invitera parfois mais pas souvent et jamais en vacances, il a pas mal bégayé, son regard me demandais de lui laisser le temps de s’exprimer, et oui j’en avais du temps pour l’écouter inventer des histoires sans queues ni têtes, des expressions à mourir de rire et des mimiques franchement drôle.
100% objectif.
Ecoute celle là :
Je lui dis “Toi, t’es jamais malade (son petit frère était aux urgences)”.
“Bah non papa, moi je mange pas les maladies”.
“Ah ouai, mais ton frère, pourquoi il est malade”.
“Bah il a mangé une maladie et c’est arrivé sur son cœur”.
(Rien a voir il a la diarrhée).
“Tu vois, c’est pour ça qu’on te demande de te laver les mains en rentrant du parc. Tu peux manger des maladies si tu n’as pas les mains propres”.
“Mais non papa, moi j’obéis pas, je me lave pas les mains et je suis pas malade. Alors que Rapha il obéit et il est quand même malade”.
CQFD.
Bon.
En disant ça, je me rends compte d’un léger soucis.
Le moment de qualité, il est pour moi ou il est pour lui ?
AH.
Je suis bien incapable de dire si le petit a passé un “moment de qualité” selon ses propres critères, dont j’ignore d’ailleurs les contours.
C’est relou pour toi de courir après ton gosse tout nu tout excité après le bain pour lui enfiler son pyjama pendant que le repas refroidis ?
C’est relou pour toi de te lever à 2h du mat parce que le petit à perdu sa tétine qui est à 3.5 cm de sa bouche mais il a la flemme de lever son petit doigt ?
C’est relou de crier sur son gosse cascadeur parce que t’as peur devant le risque non négligeable qu’il tombe mais faut pas le brider non plus et les autres parents du parc ils crient pas eux ?
C’est relou.
Peut-être pour moi.
Peut-être pour nous.
Peut-être pas pour lui.
Peut-être même le contraire.
Et si ce moment relou pour toi, c’était un moment de qualité pour lui ? Un moment de lâcher prise ? Un moment ou ça lui fait vraiment plaisir de goûter à la liberté de courir tout nu tout propre ? Un moment ou il a besoin de recevoir de l’amour et il obtient gain de cause ? Un moment pour explorer avec toi autour car il se sent en sécurité ?
J’en sais rien.
Alors moi je veux bien qu’on accorde autant d’importance sur les “soit disant” moments de qualité choisis par les parents. Enfin, surtout par celui qui est pris par son boulot.
MAIS.
Si on se laissait surprendre ?
Genre laisser une place pour trouver de la qualité dans le quotidien.
Le banal normal quotidien.
Plutôt que d’ajouter de la qualité au quotidien, vivre la qualité du quotidien.
CERTES.
Le quotidien avec les gosses est pas facile.
Démarrer la journée par les cris stridents d’un enfant affamé qui est à 4 secondes de mourir de faim s’il n’a pas maintenant tout de suite son BIIIIIIIBEROOOOON PAAAAPAAAA, se réveiller avec les mains dans la couche qui déborde, être en retard TOUS les matins pour l’école, oublier le cahier de liaison sur la commode, se disputer avec le mioche parce qu’il veut mettre des bottes ce jour ou météo France anticipe les 28°C, ne pas avoir eu l’espace de parler 1 minute à l’amour de sa vie (= son conjoint) entre 5h50 et 8h25, c’est sûr, ché pas la vie en rose.
Mais c’est la vie. La vie avec des gosses. La vie fatigante. Mais la vie vivante. La vie intense.
Sans pression, sans chercher à être des supers parents, on peut juste chercher à rajouter, ou peut-être même pas rajouter, simplement voir, voilà, juste voir de la qualité dans ces petits moments du quotidien. Pas tous, juste un ou deux. Juste un par jour. Ca fera déjà 365 moments de qualité à la fin de l’année.
La qualité d’un regard croisé avec son enfant qui comprend que ok, aujourd’hui, tu lui fais confiance et il va les mettre, ses bottes un 18 juin.
La qualité de la confiance créée, parce que malgré le stress du matin, t’as pas oublié sa compote pat-patrouille et les “gato-bato” pour son goûter qu’il aime tant prendre à la garderie.
La qualité de la relation, parce que dans l’ascenseur tu lui demandes pardon d’avoir crié ce matin, c’est vrai qu’on est en retard et stressé mais malgré tout t’aurais pas dû lui crier dessus, et qu’il te lâche “pardon papa, je peux te faire un câlin ?”.
La qualité d’un relation qui se construit, jour après jour, grain de sable après grain de sable. Chaque couche changée, chaque dispute, chaque câlin, chaque puzzle, chaque bouquin, chaque bêtise. Il en retiendra peut-être pas 1%. Moi je les retiens. Pas tous. Certains. Mais surtout, je vis la relation. Lui aussi. Construire jour après jour cette relation avec ces minuscules bestioles qui nous prennent tant d’énergie, et qui nous en donne tant.
C’est ça, la qualité.
Et puis quoi.
Ta femme. Ton mec. Tes potes. Même tes collègues. Tu les voient que pour des moments de qualité ?
BAH NON.
Bah voilà.
✌️
Fin de cet épisode.
Merci.
Merci parce que j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire.
N’hésite pas à me faire un retour, et à partager autour de toi.
D’ici là RDV dans 15 jours 😘
Pour aller plus loin, tu peux :
Lire cet article : Cette maman refuse de passer des « moments de qualité » avec ses enfants
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A très vite les copainnng 😉
J’ai pris bcp de plaisir à te lire !
Cette newsletter, comme toute les autres, est criante de vérité ! 😀
Pour info, j'ai 170 newsletter à lire et "les parents qui bossent" est la seule que je lis dès sa sortie 🙂
Concernant les moments de qualité, je suis d'accord, ils ne se programment pas forcément.
Ma définition d'un moment de qualité est surtout de m'imposer d'être 100 % disponible pour mes enfants et pas de faire autre chose ni même d'avoir l'esprit ailleurs.
Cela dit, ça a du bon de réserver (j'appelle ça sanctuariser) des créneaux ; ça aide à ce que le temps ne file pas trop vite entre nos doigts.
Par exemple 4 fois par ans je bloque des WE entiers parent-enfant ; on part dans une ville, 1 parent avec 1 enfant et on alterne à chaque fois ; l'occasion de se retrouver en tête à tête avec un de mes deux enfants, tout le monde adore.